Quelques heures de printemps.
Photo Allociné
Synopsis : Alain (Vincent Lindon),48 ans, ex-routier international, sort de prison après avoir pris 18 mois pour avoir transporté de la drogue illégalement dans son camion. Il se retrouve sans boulot, sans toit, et revient donc vivre chez sa mère (Hélène Vincent) dans son pavillon de banlieue.
Tout les oppose; elle a tissé autour d'elle un monde de silence et de solitude, son unique relation est son voisin qui partage avec elle les fruits et légumes de son jardin; son autre compagnie est sa chienne Caly. Alain en revenant vivre chez elle, la perturbe; il lui rappelle son mari décédé, par la violence de ses réactions, par son mutisme. Alain est un taiseux qui a appris à se taire en prison.
Leurs relations sont tendues, violentes, en paroles et en actes; c'est un monde de non-communication, de non-dits, de silences, de difficultés à parler, de s'ouvrir aux autres.
Jusqu'au jour où Alain découvre que sa mère est atteinte d'une maladie incurable et qu'elle a choisi de mettre fin à ses jours en Suisse avec la fondation Volontas. Alain va l'accompagner jusqu'au bout, sans tenter de la dissuader, dignement et en souffrance.
Les acteurs :
Vincent Lindon et Hélène Vincent sont magistraux. Il a su mettre dans son personnage toute la retenue et la violence, toute l'émotion et la pudeur que le rôle exigeait. Quant à Hélène Vincent, elle est exceptionnelle dans le rôle de cette femme qui a choisi sa fin, dignement, de préfèrence à un chemin de souffrance et de déchéance.
Même les personnages secondaires sont bluffants.
Ce que j'en pense :
C'est un film très fort, bouleversant, digne, pas du tout militant. Voici ce qu'a dit Stéphane Brizé au cours d'une interview :
"Je ne défends aucune thèse. Je ne me sens aucune légitimité pour émettre un avis sur un sujet comme celui-là. C'est une décision qui appartient à chacun. C'est une question infiniment intime qui va toucher au plus profond de l'individu."
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, je n'ai pas été attristée par la fin; le choix d'Yvette est un choix délibéré, un choix d'adulte consentant, réfléchi; j'ai plus été touchée par les non-dits, les silences entre les deux personnages, silences qui en disent tellement plus long que de grands discours, par la difficulté de la mère et du fils à exprimer leurs sentiments.
Et on se demande jusqu'au bout si ces deux-là arriveront à se parler avant la fin.
Si vous ne l'avez pas encore vu, allez-y, c'est vraiment un très beau film; mais à éviter quand même si l'on est touché de près par cette situation ou si l'on n'est pas au top, niveau moral.
Si vous l'avez déjà vu, j'aimerais savoir ce que vous en avez pensé.